Le moulin de Barnabé (Trélissac)
Le moulin à eau fait partie de l'ensemble des paysages français, il apparaît au Moyen-Age. Le moulin banal appartient au seigneur. La banalité est un droit féodal revendiqué aussi bien par les ecclésiastiques que par les laïcs, il sera supprimé dans la nuit du 4 août 1789.
Au XIVe siècle, Barnabé s'appelle « lo moly del Prats » il ne prend son nom actuel qu'au XVe siècle lorsque la puissante famille des Arnaud de Barnabé de Laborie en devient acquéreur.
A l'origine, le moulin diffère peu de l'architecture des maisons rurales proches. C'est un bâtiment peu élevé, 2 m à 2m50 du sol au toit, celui-ci est couvert de tuiles creuses. A l'intérieur, il n'existe qu'un unique plancher qui portait les meules. Il est éclairé par de toutes petites fenêtres. Le moulin ne comporte aucun mécanisme pour le transport et la manipulation du blé et des produits de la mouture, tout est porté à dos d'homme.
Le 30 mai 1768, dans un acte notarié nous avons une description du moulin et de ses droits :
« Moulin noble avec droit de pêche à prendre depuis le moulin du Mounard jusqu'à la fontaine de Larceau (sic), maison et chènevière sont séparés dudit moulin et joignent le grand chemin de Périgueux avec le droit de passage. Ledit moulin est situé sur la rivière de l'Isle, paroisse de Trélissac, banlieue de Périgueux. Le moulin est composé de cinq meules tournantes garnies de tous bois et ustensiles nécessaires au pressoir à huile avec garniture et ustensiles nécessaires, un grand crible pour vanner les blés, un balancier, un bateau ainsi que les dépendances du moulin. »
Au XVIIIe siècle il s'ouvre à la voie de la minoterie moderne. Le moulin est bâti en lit de rivière, attenant à la rive. Chaque moulin a son ou ses bateaux afin de pouvoir aller chercher les grains sur la rive opposée. Les gués se situent peu en aval des moulins protégés par leur barrage. En 1774 lorsque le couronnement de Saint-Front est rehaussé de près de 40 centimètres , le meunier du moulin amont – le moulin de Barnabé – proteste énergiquement. Ses rouets sont alors noyés sous 70 à 80 centimètres d'eau. Ne désirant pas reconstruire ses installations pour pallier à la trop grande quantité d'eau, il a superposé à ces rouets une croix de Saint André qui fait fonction de rouets, ce qui est loin de le satisfaire. Le moulin de Barnabé dont le produit journalier de mouture était de 40 à 43 boisseaux pour chacun des rouets (au nombre de 6) est réduit à 12 à 15 aujourd’hui d'où un préjudice considérable.
Dès 1900, Barnabé devient le rendez-vous des baigneurs, nous sommes à deux pas de Périgueux. Au lendemain de la guerre mondiale, M. Trapy construit une petite maison avec les matériaux récupérés des baraquements américains, une buvette et quelques cabines de bain. Il loue quelques barques et construit le premier bac passeur. Puis avec 1936 arrive l'année des congés payés et la véritable naissance de la guinguette ce qui attire un public nouveau, jeune, assidu aux bains et à la musique . Tout ce petit monde se retrouve à Barnabé mais ceci est une autre histoire...
Huguette Bonnefond (texte paru dans Mémoire vivante n°50, juillet 2024)
Une étude d'ensemble sur l'Isle a été initiée par la Région Nouvelle Aquitaine grâce au service de l'inventaire. Avec des associations de bénévoles, cette étude prends corps. L'association de Coutras, qui a su mobiliser des fonds, Saint-Astier, Neuvic, les Patrimoniales, Mussidan et notre compagnie ont mobilisé des moyens suivant les compétences de chacun.
- Bulletins SHAP années 1900 et 1902
- Maîtrise d'Histoire de l'Art Moderne de Laurent Poupard 1985-1986 : les moulins à eau de la basse vallée de l'Isle
- La Cité Bel Air de Pascal Serre