Le château de Ribérac
Comme pour bien d'autres sites en Périgord, c'est un château qui est à l'origine de Ribérac. Ses hauts murs, conçus pour la défense, ont protégé les populations locales face aux troubles et aux guerres toujours renaissantes. C'est Alchier-le-Sourd, représentant de l'autorité comtale dans la région, qui aurait déplacé sur les hauteurs, vers le Xe siècle, sa demeure délaissant ainsi sa position fortifiée du Chalard, située sur les bords de la Dronne. Ainsi était fondé le premier château de Ribérac.
Au fil du temps, la demeure passa successivement dans les familles de Pons, d'Aydie et de Chapt. Les mariages tinrent une place importante dans l'accroissement de la seigneurie. Mais celle-ci fut parfois délaissée au profit d'autres possessions ou encore la vie à Paris, au contact du roi et de la cour.
En 1565, Marie de Foix, qui gouverne la seigneurie au nom de son fils mineur, reçoit le roi Charles IX et sa mère, Catherine de Médicis, alors qu'ils sont en visite dans les provinces touchées par les guerres de religion.
Le chevalier de Lagrange-Chancel note dans ses souvenirs de voyage, lors de son périple en Périgord, que « le château assis sur une élévation a titre de comté, est d'un goût antique, fort spacieux avec de belles salles, galeries et appartement bien meublés ».
Au seuil de la Révolution, le château nécessite pourtant d'importantes réparations ; faute d'entretien, il se dégrade rapidement. Lorsqu'en 1795, Jacques de Chapt, déjà très âgé, en hérite, le château menace ruine ; il sera d'ailleurs le dernier seigneur de Ribérac. Ce haut lieu chargé d'histoire avait vécu.
Dans ses écrits, Émile Dusolier a tenté, à partir de documents d'archives, de reconstituer ce qu'était ce monument. « Les rues actuelles de Notre-Dame et Four limitent au nord et à l'ouest un cap encore entouré de murailles... Sur ce cap était bâti le château de Ribérac... Au donjon, appelé également la grande tour du château, construction primitive qui avait représenté longtemps tout le château et qui en demeura la façade principale du côté du levant, s'étaient ajoutés d'autres bâtiments formant un carré limitant une cour intérieure et, à chaque extrémité de la façade ouest, deux tours avaient été édifiés. On pouvait accéder au château par le levant, ce qui signifie par les jardins et le donjon après avoir toutefois franchi les fossés, dont la trace est encore visible derrière le chevet de l'église Notre-Dame... Cette porte d'entrée, qui comprenait porte et poterne, s'ouvrait entre deux tours sous une voûte supportant une pièce à usage de corps de garde ».
Un inventaire de 1629, décrit sommairement les différentes pièces, dont la salle d'honneur tendue de onze pièces de tapisserie et la chambre nommée « chambre de la comtesse, entièrement couverte « de tapisseries rayées de rouge, blanc, vert et noir ». Le mobilier semble usagé et les sièges sont souvent crevés.
Du château ruiné, des pierres furent utilisées au XIXe siècle pour paver les chaussées ou la construction d'édifices publics. Pour des raisons de salubrité, les restes encore subsistants furent rasés.
En juillet 1854, Léo Drouyn de passage à Ribérac, faisait le dessin de la ruine qui domiunait encore la ville, mais il ne reste aujourd'hui plus rien. Des maisons d'habitation s'alignent le long de ce qui fut le rempart.
Un souvenir quand même, et non des moindres : l'ancienne église Notre-Dame, avec ses précieuses peintures murales. Elle a été restaurée à des fins culturelles. Elle avait succédé à l'ancienne chapelle du château, suivant le désir d'Odet d'Aydie et de son épouse, Anne de Pons, qui avaient signé le 2 mai 1500 l'acte de fondation d'une collégiale dans ses murs.
Texte de Dominique Audrerie (Mémoire vivante n°38 juillet 2023)
Sources :
- Emile Dusolier, Ecrits sur l'histoire de Ribérac, édition établie et présentée par Philippe Pommier, Dominique Audrerie et Jean Roux, Edition Le Roc de Bourzac, Bayac 1988 et 1989
- Dessins originaux de Léo Drouyn (collection SHAP)
- Carte postale SHAP fonds Pommarède