Chancelade, renaissance d'une abbaye

De WikiShap
Le logis avant les travaux

Au début du XIIe siècle, des religieux se regroupent dans des abris rocheux proches de Fons Cancellatus et souhaitent y vivre en une communauté régie par la règle de saint Augustin. Peu à peu, l’abbaye se développe pour devenir au XVIIIe siècle une abbaye royale au rayonnement très fort.

   Après la Révolution, une grande partie des bâtiments est démolie. La vie religieuse s’éteint.

  À partir de 1992, au gré des événements et avec une réelle volonté de se réimplanter dans l’abbaye, les chanoines de la congrégation de Saint-Victor font revivre ce site riche d’histoire, d’architecture et de spiritualité.

Tout en étant animateurs de la vie de trente clochers, ils entreprennent la restauration du logis abbatial et l’aménagement des terrains attenants. Le bâtiment est en très mauvais état. Charpente, toiture, façades et enduits, plus de quarante-deux fenêtres et portes, planchers, plafonds, tout est à refaire dans le respect de l’architecture des diverses époques. Il faut trouver les fonds et les entreprises compétentes.

Les facades en travaux
La toiture du pavillon

  Tous ces efforts humains et financiers pour faire naître un lieu d’accueil ouvert à tous : les promeneurs, les visiteurs, les amateurs d’architecture, d’histoire et aussi tous ceux qui se laissent envahir dans cet espace de sérénité, d’intériorisation, de spiritualité, de prière peut-être.‍

Au rez-de-jardin, le visiteur est accueilli avec une présentation historique et architecturale du site, une explication de la vie dans une abbaye de chanoines réguliers selon la règle de saint Augustin et évocation de la vie du Bienheureux Alain de Solminihac. Et aussi boutique et pause-café. Au premier étage se trouvent de belles salles pour des expositions, des conférences, des séminaires, à caractère cultuel ou autre… Et au niveau supérieur, des chambres peuvent loger des petits groupes de retraitants souhaitant partager un temps la vie des chanoines : repos, ressourcement, participation aux offices…

   Depuis quelques années, les travaux vont bon train. Une fois la toiture en état et la mise "hors eau et hors air", il faut changer ou restaurer de nombreuses poutres maîtresses en chêne, refaire les plafonds au modèle de quelques éléments restants et restaurer les planchers ou la monumentale cheminée Renaissance.

   Tout cela étant réalisé dans les règles de l’art, viennent les temps modernes. Il faut installer un ascenseur, amener dans chaque salle l’électricité, le chauffage… et le confort dans les chambres, salles d’eau et sanitaires. Le chantier en est là aujourd’hui.‍

Une vaste plaine s’étend devant le logis, elle est propice à de belles fêtes comme la Saint-Jean, des journées médiévales ou des regroupements de mouvements de jeunes…

Le logis après restauration

   Plus loin du logis, et dans le même temps, les bénévoles de l’association des Amis de l’Abbaye travaillent à l’aménagement d’un jardin clos, autour d’un bassin et entouré d’une pommeraie. Ce verger a été planté, avec l’aide de l’association Mémoire fruitière des Charentes, avec des variétés anciennes et rares dont certains arbres sont les derniers spécimens.

Le bassin et les pommiers

Ce jardin veut inciter à la promenade pour voir de loin l’ensemble des bâtiments, marcher le long de la Beauronne, trouver les passerelles, passer le bief, aller vers la grande île en cours d’aménagement paysager. La première partie accueillera des groupes dans la clairière à l’intérieur d’une couronne d’arbres. La partie plus au nord restera plus sauvage, préservant le milieu naturel entre rivière et canaux du moulin. Des lieux pour s’abandonner, se perdre et trouver la statue de la Vierge…

Il faut aussi construire une dépendance, pour recevoir un espace de sanitaires et de rangement, et réinstaller la cour d’honneur entre le logis et l’abbatiale.

   Encore deux ou trois ans de travail et les chanoines, déjà très présents dans la vie du diocèse, auront redonné à l’abbaye de Chancelade les moyens d’être un éternel lieu d’accueil.

Gilbert Coudassot‍, président de l'association des amis de l'abbaye (texte publié dans "Mémoire vivante" n°20 - janvier 2022)