1900-1930 : arrivée de l'automobile en Périgord

De WikiShap
Une voiture de l'époque à Bourgnac

Les dix dernières années du XIXe siècle vont marquer l’arrivée de l’automobile en France, et les trois décennies suivantes verront une explosion du nombre de véhicules, avant que son usage et le fait de posséder une voiture ne se démocratisent petit à petit après 1930. Le nombre (estimé) d’automobiles en France passe de 600 en 1896 à 2350 en 1900 ; les statistiques deviennent plus fiables à partir de l’obligation d’immatriculer les véhicules, devenue légale en 1901. Pour ce qui concerne le département de la Dordogne, on recense 11 automobiles en 1899, et déjà 473 en 1907. Mais l’automobile reste encore réservée à une élite fortunée ou à des passionnés de mécanique, qui souvent jouent le rôle de mécanicien attitré auprès d’un riche propriétaire de voiture.

Dr Faure

La naissance de l’Automobile Club du Périgord est l’étape la plus marquante de l’essor de l’automobile dans notre région : en effet, elle mérite d’être présentée avec ses étapes successives, et met aussi en évidence le rôle que jouèrent plusieurs notables périgourdins dont la plupart étaient en outre membres de la SHAP. Tout part d’un club cycliste, le Véloce Club périgourdin, fondé en 1886 et présidé par le comte Félix de Fayolle à partir de 1890 ; plusieurs de ses membres font l’acquisition de voitures automobiles, et en 1898 le club change de dénomination, pour devenir le VCP-ACD (Veloce Club périgourdin – Automobile Club de la Dordogne) puis en 1908 l’Automobile Club du Périgord. Le club a son siège à Périgueux, au 8, place du 4 Septembre, et en 1903 le président en est le comte F. de Fayolle, le secrétaire est le célèbre Didon, « maître d’hôtel » et restaurateur à Périgueux, et le trésorier F. de Bélussière ; parmi les membres du comité on retrouve d’autres notables, tels le Dr Faure, son confrère Paulin Brou de Laurière, Requier, le marquis G. de Fayolle.

Les familles de Fayolle et Brou de Laurière vont rester des chevilles ouvrières du club pendant 30 ans, elles sont associées à travers la figure d’Odette de Fayolle qui épousa le fils du Dr Brou de Laurière et fut la première femme à participer à une course automobile transsaharienne. La famille Brou de Laurière, apparentée à la famille Michelin, fut parmi les actionnaires de la société de pneumatiques, et accumula une importante collection d’automobiles qui font maintenant la fierté de la Fondation Patrick Brou de Laurière.

Menu d'un repas du VCP-ACD chez Didon en 1908

     Les activités de l’Automobile Club du Périgord furent multiples dès sa création, avec tout particulièrement des courses automobiles : la première – en 1898 – fut une course Périgueux-Bergerac-Périgueux, qui a le triste privilège d’avoir connu le premier mort en France au cours d’une compétition automobile. En effet, peu après le départ, à hauteur du Sault du Chevalier à Coulounieix-Chamiers (là où se situe maintenant le refuge de la SPA) un accrochage survient entre l’auto du marquis de Montaignac (un Corrézien) et celle d’un autre concurrent : les deux voitures dévalent le talus, celle du marquis se retourne et il décède 3 heures après l’accident…

    Devenu ACD après 1908, le club organise des rallyes, d’abord locaux, puis de plus en plus longs, qui dès les années 1910 conduisent les concurrents dans d’autres pays d’Europe.

    Le Club édite aussi un bulletin trimestriel, dont une importante collection est conservée à la bibliothèque de la SHAP. Enfin, il se réunit périodiquement pour des banquets ou des galas, comme celui du Pneu Périgordin en 1908, qui donna lieu à une revue théâtrale et chantée, animée entre autres par Fernand de la Tombelle.

Depuis 1898, l’Automobile Club du Périgord est toujours actif, il a organisé d’autres courses et salons automobiles, et on peut dire « qu’il a fait des petits » : en effet, une recherche effectuée en décembre 2023 sur le site www.net1901.org (site qui recense les associations) ne retrouve pas moins de 44 clubs automobiles dans le département de la Dordogne ! L’automobile s’est démocratisée, elle a participé à l’essor du tourisme après la seconde guerre mondiale, tout particulièrement dans notre région où se retrouvent régulièrement de nombreux clubs automobiles nationaux et internationaux, qui y organisent des rallyes touristiques et des évènements festifs.

Pas de l'Anglais 1909 (coll. S. Miquel)

Michel Roy (texte paru dans Mémoire vivante n°47, avril 2024)