Patrimoine ferroviaire : le site de Niversac à Boulazac-Isle-Manoire

De WikiShap

A partir de 2018, une réflexion est menée par la ville de Boulazac Isle Manoire pour faire de Niversac un lieu ressource du patrimoine ferroviaire. Pour mener à bien ce projet, la ville s’appuie sur l’association Mériller Vapeur et le Conservatoire ferroviaire des territoires Limousin-Périgord. La volonté de mobilité douce souhaitée par le Grand Périgueux conduit à la mise en place de la navette ferroviaire de Mussidan-Niversac le 2 juillet 2022 offrant un renouveau à la gare de Niversac. En janvier 2023, l’Office de Tourisme Intercommunal du Grand Périgueux s’installe dans l’ancienne halle de marchandise et le lieu prend alors le nom de « Fanal ».

Un peu d’histoire

Avant l’arrivée du chemin de fer en 1860, le village de Niversac n’était composé que d’une seule ferme (cadastre napoléonien de 1824). L’étymologie peut procéder d’une villa gallo-romaine nommée Nerviciacum (le domaine de Nervicius). Le lieu-dit s’est développé avec l’arrivée du chemin de fer. Dans les années 1980, on y trouvait un restaurant routier, une station-service et un bar-tabac à proximité de la gare. En 2009, seuls le restaurant et la station-service existaient encore. Le restaurant sera démoli au début des années 2020. Le réaménagement du bourg de Niversac conduit à la réalisation d’une aire de covoiturage et à la construction d’une piscine à partir de novembre 2020. Conçue par l’architecte Bernard Chinours, elle ouvre ses portes le 8 juillet 2023.

La gare de Niversac (carte postale ancienne, fonds Pommarède)

L’arrivée du chemin de fer 

Les bourgeois de Périgueux souhaitant être plus près de Paris et de Pierre Magne, on parle du chemin de fer à partir de 1840. En 1853, le maire de Périgueux, Jean Estignard, décide que la future ligne de chemin de fer de Lyon à Bordeaux doit passer par Périgueux. Grâce au soutien de Pierre Magne, originaire de la ville et ministre, la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans (PO) s’installe à l’ouest de la ville. Le tracé de la première ligne de chemin de fer en Périgord relie Périgueux à Coutras avec une ouverture de la ligne le 20 juillet 1857.

La ligne de Périgueux à Brive sur laquelle se trouve la gare de Niversac est ouverte le 31 août 1860 avec une inauguration officielle le 30 septembre 1860.  Dès 1863, avec l’ajout d’une seconde voie et la ligne vers Agen, le trafic augmente dans cette gare pour atteindre, en 1880, 32 trains par jour (majoritairement des trains de marchandises).

Aménagement du site à partir 2018

Phot C. Garrigue

La rénovation du site débute en 2017 avec l’ancien réservoir d’eau. Appelé  château d’eau, il permettait d’alimenter les locomotives à vapeur en eau.  A côté, la halle a été construite en 1863. Elle est constituée d’une structure en bois pour son ossature et de la brique pour les murs. D’une hauteur de 9,53 m et d’une surface de 150 m2, elle était destinée au stockage des marchandises (réceptions et expéditions). Elle demeure l’unique exemplaire de ces bâtiments dits « économiques » voulus par la Compagnie du P.O. Tous ont disparus au fil des années, sauf celui de Niversac. Après des travaux de restauration, l’ancienne halle accueille aujourd’hui les services administratifs de l’Office de TourismeIntercommunal du Grand Périgueux.

Une voiture de voyageurs datant de 1929 vient compléter le site le 14 février 2022. Il s’agissait au départ d’une voiture-voyageurs qui a été transformée à la demande du ministère des Armées pour être « sanitarisable ». Construite à seulement 120 exemplaires par la Société De Dietrich, il s’agit d’une création de l’OCEM (Office central des Etudes du Matériel).  Cette voiture B9 54 650 est inscrite à l’inventaire des Monuments Historiques. Elle était dotée de neuf compartiments de 3ème classe. En 1956, avec la suppression de la 3ème classe, ce type de voitures est reclassé en seconde classe avant d’être réformées en juin 1982 avec l’arrivée des voitures Corail.

Photo C. Garrigue

`A proximité de l’ancienne halle, le wagon-grue est daté de 1924. Il servait à décharger les wagons et a été utilisé jusque dans les années 1950. Avec ses cinq mètres de long et une quinzaine de mètres d’envergure la grue pouvait, selon un ancien cheminot, soulever quatre à six tonnes de matériel.  Appartenant à Vélo rail Périgord, elle a été repeinte par les ateliers Doumen, fin 2019, en gris bleuté sa couleur d’origine, correspondant à celle de l’ancienne compagnie ferroviaire P.O (Paris Orléans).

Enfin, la gare était un espace réservé à l’information, l’achat des titres de transport et l’attente des voyageurs. Le bâtiment a perdu 3 travées depuis les années 1900. De l’autre quai, un abri du modèle « provisoire » en ossature bois et remplissage en briques est toujours présent.

En conclusion, le chemin de fer et les lignes de tramways ont permis de développer le Tourisme en Dordogne au XIXe siècle. Après une utilisation « massive » de l’automobile pour voyager et visiter, le train est en train de redevenir un atout dans les mobilités touristiques durables.


Marie-France Bunel (texte paru dans Mémoire vivante n°60 de mai 2025)

Photo C. Garrigue


Sources :

  • Archives Départementales de la Dordogne (A.D.D) Série S
  • Article Dordogne Libre :  Mardi 18 janvier 2022 – Mardi 1er octobre 2019
  • Magazine de la commune de Boulazac Isle Manoire – avril 2018