Les lieux de conservation du patrimoine à Périgueux depuis le XIXe siècle

De WikiShap

Le 150e anniversaire de la SHAP est marqué de diverses manières, tout au long de l’année 2024 : expositions et conférences, publication de deux livres, concert littéraire, salon des associations, colloque, prix du patrimoine. Il nous a semblé opportun, pour compléter ces hommages, de rappeler les grandes lignes de l’histoire muséale de Périgueux, marquée par la volonté d’hommes engagés dans la défense du patrimoine, et dont les noms sont étroitement liés à l’histoire de la SHAP : Wlgrin de Taillefer, Joseph de Mourcin, Édouard Galy, Michel Hardy, Gérard de Fayolle, Léo Testut, Joseph Roux.

Le Jardin des Arènes

Wlgrin de Taillefer [1761-1833], pionnier de la conservation du patrimoine, crée un premier musée dans la chapelle des Jésuites en 1804. Sa collection de vestiges antiques augmentant, il la transfère en 1808 dans le grand vomitoire des Arènes. Il rencontre Joseph de Mourcin [1784-1856] en 1809 et entreprend avec lui des fouilles archéologiques à Vésone. Taillefer vend le château de Villamblard où il est né et achète le terrain autour de la tour de Vésone. Il lèguera sa collection d’antiquités à son assistant et ami Joseph de Mourcin, qui aura la charge de les transmettre à un musée.La migration des Arènes au Musée départemental se fera en 1835.

Les jardins du château Barrière (carte postale collection SHAP)

Le Château Barrière

     Après l’installation de la SHAP en 1874 dans l’ancien couvent des Augustins, puis dans des locaux privés entre 1889 et 1912, la nécessité d’un lieu plus vaste, mieux approprié s’impose.

      Sous la présidence du marquis de Fayolle, la ville de Périgueux entreprend la restauration du château Barrière à la demande de la SHAP. En 1912, elle lui accorde un bail de 30 ans pour la partie du grand bâtiment qu’elle pourra occuper. La cheminée monumentale conserve les traces de cette occupation, avec les armes de la SHAP : Acta majorem serva /lumine caleat veritas (« mets-toi au service des actions des ancêtres / que la lumière réchauffe la vérité »). Les collections de la SHAP sont transportées dans ces nouveaux lieux. Elles y resteront jusqu’à l’installation dans l’ancien hôtel de Fayolle, au 18 rue du Plantier, en 1937.

Le Musée Vesunna

La domus de Vésone a été découverte en 1959 lors de la construction de logements sociaux. Elle fut d’abord appelée Villa des Bouquets, d’après le nom de la rue qui la longeait. Les fouilles ont débuté l’année suivante sous la direction de Claude Barrière, assisté de Max Sarradet, et jusqu’en 1968. Elles se sont poursuivies avec d’autres équipes jusqu’en 2000.

Musée Vesunna

     Le musée, conçu par l’architecte Jean Nouvel, a ouvert ses portes en 2003.

Le Jardin Chambon

      À côté du jardin des Arènes, le jardin de l’ancien couvent Sainte-Marthe doit son nom à un collectionneur d'antiquités, François Chambon [1741-1821], qui au début du XIXe siècle y accumula des vestiges antiques et choisit de s’y faire enterrer.

Les Archives départementales

       Elles ont occupé plusieurs lieux depuis le début du XIXe siècle : place de la Clautre dans l’ancien évêché, place Hoche dans l’ancien collège des Jésuites (1811-1861), Cours Tourny, puis de nouveau place Hoche dans le premier siège de la préfecture. Le bâtiment actuel des Archives départementales, rue Littré, conçu spécifiquement dans une architecture contemporaine, ouvre en 1992.

Le Musée militaire

      Cette « exception » périgourdine a été souhaitée en 1909 par la Fédération des Vétérans de la Dordogne, sur le modèle parisien du Musée de l’Armée, créé en 1905 aux Invalides. Le Musée militaire de Périgueux est installé depuis 1921 dans un immeuble de la rue des Farges, acquis par l’association créée en 1911.

     Son but : décentraliser la mémoire des armées et rassembler des souvenirs militaires de combattants, villes, châteaux liés au Périgord. Ses collections : plus de 20 000 objets militaires (armes, tenues, décorations, documents d’archives, etc.), du Moyen Âge à nos jours.

La chapelle des Pénitents blancs

       En 1835, sur proposition du maire de Périgueux, la collection renommée Musée d'antiques et d'objets d'art est transférée dans les bâtiments de la chapelle des Pénitents blancs, au sud du cloître de la cathédrale Saint-Front. Les locaux sont aménagés par l’architecte Louis Catoire. Le musée prend le nom de Musée archéologique du département de Dordogne en 1836 et devient départemental. Il est dirigé jusqu'à sa mort par Joseph de Mourcin, assisté de l'abbé Audierne et du docteur Édouard Galy.

Ancien couvent des Augustins, vers 1895 (Coll. SHAP)

Le MAAP et la Bibliothèque municipale

      En 1866, l’ancien couvent des Augustins, allées Tourny, transformé en prison après la Révolution, est à vendre. Son conservateur, Édouard Galy, décide d’acheter les bâtiments pour y installer les collections du Musée départemental qui se sont peu à peu enrichies. Elles y sont progressivement transférées entre 1869 et 1874.

Le 1er mars 1874, la Société historique et archéologique du Périgord voit le jour au domicile d’Édouard Galy, son premier président, rue Clos-Chassaing. Mais la séance qui a entériné cette fondation eut lieu le 27 mai 1874 dans une des salles du Musée. Les collections de la SHAP seront entreposées dans les réserves du Musée jusqu’en 1889. Michel Hardy, qui a succédé à Édouard Galy à la présidence, propose alors d’abandonner ces locaux municipaux devenus trop inconfortables.

Ancienne Bibliothèque.jpeg

      La première Bibliothèque municipale avait été créée en 1781. D’accès public en 1809 dans le bâtiment de l’ancien évêché, elle s’installe en 1898 à l’angle du cours Tourny et de la rue Saint-Front, dans le Musée départemental. Les fonds qui la constituent provenaient d’abord de la Société littéraire du Périgord, fondée en 1780 par l’abbé Henri-François-Athanase de Taillefer, oncle de Wlgrin de Taillefer. Ces fonds sont augmentés ensuite par les collections de l’École centrale de la Dordogne, dissoute en 1804. La bibliothèque se dissocie physiquement du Musée et s’installe dans les locaux actuels, avenue Georges-Pompidou, en 1988. En 2015, elle devient la Médiathèque Pierre Fanlac.

     Le fonds patrimonial de cette bibliothèque classée est très important : plus de 300 manuscrits, 62 incunables, environ 45 000 volumes imprimés. À côté des fonds Lapeyre et Pellisson, le fonds Marie-Antoinette, composé de 185 livres, provient de sa bibliothèque du Petit-Trianon.

L’hôtel de Fayolle, 18 rue du Plantier

     Après 25 ans passés dans les murs du château Barrière, les collections de la SHAP se trouvent de nouveau à l’étroit. Un legs conséquent du professeur Léo Testut permet l’acquisition, en 1936, d’un hôtel particulier au 18 rue du Plantier. Il est vendu par Guy, fils du marquis Gérard de Fayolle qui a étéprésident de la SHAP jusqu’à sa mort en 1933. L’installation a lieu l’année suivante, et le président Joseph Roux peut ouvrir la première réunion en ces lieux le 27 mai 1937.

    Après 80 ans d’occupation de ce bel hôtel particulier, les locaux du 18 rue du Plantier exigent des travaux de rénovation trop importants. La vente de l’hôtel est finalement votée en 2019. La SHAP se réserve cependant le petit pavillon indépendant à l’entrée de la cour. Elle engage des travaux afin de le viabiliser et d’aménager des rayonnages modernes pour y loger la vaste bibliothèque sur deux niveaux, y accueillir les chercheurs et les réunions.


Marie-France Bunel et Chantal Tanet (texte paru dans Mémoire vivante n°49, juin 2024)