Le petit train de Brantôme

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Le train entre en gare au sortir du tunnel. Carte postale début XXe siècle, coll. Initiatives Patrimoine.

          La construction de la ligne de Périgueux à Saint-Pardoux-La-Rivière sur  54 km via Brantôme, qui en était la grande gare intermédiaire, fut décidée par le Conseil général de la Dordogne en 1884. Elle allait desservir la vallée de la Dronne qui comptait alors 32 communes.

      Dans 18 d’entre elles se tenaient annuellement 87 foires et 248 marchés. Cette activité commerciale reconnue dès le 18 avril 1877 permit de classer la construction de cette ligne ferroviaire comme  réseau  d’intérêt général. De plus le transport des marchandises de Saint-Pardoux à Périgueux assurait une liaison avec Paris, une aubaine pour Brantôme qui fournissait les blocs de calcaire extraits des carrières, du bois pour la construction, le sciage et la papeterie, des bestiaux, des tonneaux du vin primé de Brantôme et, en automne, des truffes, des noix et des châtaignes.

          Les plans d’ensemble et l’avant-projet de cette ligne de tramway, soumis à la signature de Jules Grévy, Président de la République, firent l’objet le 7 janvier 1886 d’un décret de concession à la société du baron Édouard Empain.

        En 1891, la ligne Périgueux-Saint-Pardoux-la-Rivière  fut ouverte au trafic ferroviaire et exploitée par la société anonyme  des chemins de fer du Périgord.

       La première motrice était une bicabine 030T de type 7, construite à Tubize (Belgique) pour le compte de la société Blanc-Misseron à Crespin (Nord) (lien vers photo d'une machine de ce type). Le train se composait de voitures pour les voyageurs et  de wagons fermés ou plats pour le transport des marchandises.

Les vestiges du tunnel, avenue André Maurois, photo © Initiatives Patrimoine.

        À Brantôme même, le passage du « Petit Train » demandait des aménagements. L’élargissement de la chaussée entraîna la démolition et le recul des habitations au quartier Saint-Roch et au quartier des Barris, l’agrandissement de la Porte des réformés, l’alignement de la façade des falaises par l’abattement des fronts de taille.

         Un tunnel, construit sous une maison à l’angle de la route de Thiviers,  permettait au train de sortir de Brantôme en direction de Saint-Pardoux. En septembre 1927, la maison du tunnel fut détruite pour élargir la route vers Thiviers. On voit encore la partie droite des arcades soutenant le tunnel.      

L’explosion qui disloqua le rocher branlant au pont des Roches. Carte postale 1901. Coll. SHAP

      Un rocher branlant sur la falaise du pont des Roches menaçait la voie conduisant à Champagnac. Il fallut le disloquer à la dynamite.  Cet événement attira près de 3 000 spectateurs, qui prirent… le tramway le 23 juin 1901.

     Entre Périgueux et Brantôme, passés les arrêts du Toulon empruntés par les ouvriers, les trois gares principales qui assuraient la circulation des marchandises  étaient Château-l’Évêque, Puy-de-Fourches-Sencenac-Biras et Brantôme. Le « tacot » s’arrêtait à la demande au pont de la Beauronne, Chancelade,  Mesplier, Valeuil-Bourdeilles, Grenier et après Brantôme : au pont des Roches, Champagnac-de-Bel-Air, Quinsac, le Sablon et Saint-Front-la-Rivière, avant d’atteindre son terminus.

     Chaque dimanche, le tramway se transformait en « train d’excursion» pour les voyageurs venus visiter Brantôme. Le 29 septembre 1895, jour du Comice agricole, il transporta les invités à l’inauguration du buste de Pierre de Bourdeille, abbé de Brantôme, sur la fontaine Médicis.

    En 1921, la ligne devint propriété du département de la Dordogne, gérée par les Chemins de fer départementaux (CFD).

      Entre1931 et 1932, la motrice bicabine fut remplacée par une automotrice Billard A 80B.

     Le 1er janvier 1949, à la fermeture de la ligne, son dernier chef de gare était M. Christophe. La CFD mit alors en place un service d’autocars pour desservir le parcours.  


     Il ne reste aujourd’hui de la gare qu’un édicule transformé en 1970 en toilettes publiques. Une chanson, « Le Petit Train de Brantôme », écrite par M. Morlet sur un air de « Vielha Valsa », perpétue cette époque : elle est toujours chantée dans les banquets et autres réunions.

   Le petit train a disparu et fait partie maintenant du patrimoine immatériel de Brantôme, mais l’association Initiatives Patrimoine a obtenu l’autorisation de placer un panneau mural réalisé par l’artiste Denis Charret-Dykes  en mémoire  du « tacot », sur une maison de l’ancienne place de la gare.

Photo Brantôme Initiatives Patrimoine


L’inauguration de ce décor mural a eu lieu lors des journées du Patrimoine, le samedi 21 septembre 2024.

Brantôme Initiatives Patrimoine

Texte paru dans Mémoire vivante n°53 (octobre 2024)