La gare de Hautefort
Autrefois composée de prairies, entre les bourgs de Saint Agnan et d’Hautefort, au pied de la colline, dans une grande plaine arrosée par les ruisseaux de la Lourde et de la Beuse, cette zone en « pleine campagne », va connaître avec l’arrivée du chemin de fer à la fin du XIXème siècle, une transformation essentielle pour le développement de la commune de Hautefort.
Depuis 150 ans, cette zone d’activités poursuit son développement avec de nouveaux projets destinés à assurer un développement commercial et artisanal de la commune de Hautefort, tout en renforçant les liens entre ces deux localités de la même commune, laissant au passé « l’antique » conflit des deux villages qui existait depuis plusieurs décennies.
Dès 1853, une ligne Périgueux-Brive passant par Hautefort est à l’étude. Mais le tracé choisi passera par Niversac et Thenon.
Un arrêté départemental de 1876 établit le tracé de la ligne Nontron-Condat par Thiviers et Hautefort. Toutes les municipalités veulent une gare. Les habitants de Saint-Agnan demandent qu’elle soit construite dans la plaine, près du bourg, au point de jonction de la D 62 et de la N 704.
Le bon sens, la raison technique, l’économie plaident en leur faveur.
Les habitants de Hautefort de leur côté veulent la station plus près de chez eux, au nord ou au sud, mais pas à Saint-Agnan. Le nouveau propriétaire du domaine de Hautefort, M. Artigue, cède des terrains à la « Compagnie » et la station sera édifiée entre les deux localités.
Sept années seront nécessaires pour qu’un tracé définitif soit réalisé avec toutes les infrastructures qui y sont attachées, y compris une station de pompage de l’eau dans la rivière Auvézère près de Saint Martial Laborie, avec une canalisation d’amenée de l’eau jusqu’au réservoir à construire en face de la gare de Hautefort, pour approvisionner la chaudière des locomotives.
Inaugurée le 5 octobre 1899, l’arrivée du chemin de fer va donc provoquer un essor nouveau pour ces localités, avec un développement économique, artisanal, commercial et même touristique,
Après un demi-siècle d’exploitation, le développement du transport routier provoquera la fin de la ligne de chemin de fer. Déjà partiellement interrompu pendant plusieurs périodes de l’Occupation, le trafic voyageurs cessa en 1946 et le trafic marchandises en 1955.
Les voies ont été déposées en plusieurs tranches jusqu’en 1960. Tous les ponts et ouvrages métalliques ont été découpés et envoyés à la ferraille, y compris le magnifique pont treillis traversant l’Auvézère près de Mouney.
L’entreprise JESCO (Jeux Education Sports COmpagnie) créée en 1943 à Vincennes par M. Guilloux, est transférée à Hautefort en 1966. Dédiée à l’origine à la production de maquettes et modèles réduits (en particulier d’avions), la société se spécialise dans l’édition et l’imagerie et plus particulièrement dans les décalcomanies qui seront vendues un peu partout dans le monde. La société produit aussi des jeux éducatifs (albums-jeux, activités loisirs et bricolage). L’usine occupe d’abord le bâtiment voyageurs et la halle marchandises avant la construction d’un nouveau bâtiment. En 1969, JESCO patronne la création d’une nouvelle société FABEP spécialisée dans le brochage et la reliure et travaille aussi pour Offset-Périgord.Une publicité de JESCO affirme "Hautefort devient la capitale de l'imagerie française".
En 1984, JESCO est vendu au groupe LITO qui construit une nouvelle usine-relais.
Les évolutions plus récentes
Le bâtiment de FABEP qui a cessé son activité de production, est devenu une annexe de la Coopérative Agricole de La Bachellerie.
L’aménagement du quartier artisanal, commercial et industriel de l’ancienne gare se poursuit avec en particulier l’implantation des établissements Férignac de charpente et menuiserie (transfert depuis Coubjours) et de l’atelier d’œuvres de forge (1994). A la suite des travaux de réfection réalisés après l’incendie du château d’Hautefort, l’entreprise est remarquée par le Service des Monuments Historiques et participe à la restauration de nombreux édifices en France et à l’étranger.
En 1999, un magasin Intermarché et une station service sont édifiés sur les terrains de l’ancienne gare.
D’autres anciennes gares du pays de Hautefort, Cherveix-Tourtoirac, Boisseuilh, Segonzac, Badefols d’Ans-Coubjours, connurent le même sort d’abandon à la fin de l’exploitation de la ligne de chemin de fer de Thiviers à Brive et Terrasson.
- Boisseuilh est occupé par une industrie de sciage du bois des forêts environnantes, riches en chênes de bonne qualité ;
- Tourtoirac-Cherveix sert de bureaux, d’ateliers et de remise de matériel du Service départemental de l’Equipement ;
- Le bâtiment de l’ancienne gare de Coubjours-Badefols d’Ans, fut racheté par une famille pour être transformé en maison d’habitation.
Texte rédigé à partir d'un dossier de Pierre Villot (Hautefort Notre Patrimoine)