La catastrophe des carrières de Chancelade (25 oct 1885)

De WikiShap
Révision datée du 16 mai 2022 à 14:11 par Admwiki (discussion | contributions)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)

Le 25 octobre 1885, la catastrophe de Chancelade

Les carrières de Chancelade ont été utilisées dès le Moyen Âge pour la construction notamment de l’abbaye et la chapelle Saint-Jean. Blanche, la pierre de Chancelade est d’excellente qualité et résiste à la gelée et au salpêtre.

À partir de 1847, les carrières commencent à être exploitées pour la construction de ponts, viaducs, gares sur une surface d’environ cinq hectares. Avec l’arrivée du chemin de fer, la pierre s’exporte dans toute la France. L’architecte Paul Abadie l’utilise pour la restauration de la cathédrale Saint-Front de Périgueux. À l’exploitation de la pierre vient s’ajouter en 1882 la culture des champignons.

En 1885, l’exploitation est à son apogée. Les carrières sont exploitées par les sociétés Imbert et Chaigneau qui emploient une centaine d’ouvriers au total.

Dimanche 22 octobre 1885, seuls cinq carriers ont décidé de travailler dans les galeries des carrières.

Vers 15 heures, les personnes se trouvant aux environs des carrières entendent un grondement sourd et bref ressemblant à un bruit du tonnerre. À Périgueux, la nouvelle se répand rapidement sur une catastrophe survenue à Chancelade.

Aussitôt, plusieurs personnalités dont le préfet Bergeton se rendent sur les lieux.

Le village d’Empeyraud (proche du chemin de fer de Périgueux à Paris, dans la vallée de la Beauronne), situé sur le coteau au-dessus de la carrière, composé d’environ une dizaine de maisons n’est plus qu’un amoncellement de ruines. De nombreuses fissures se sont produites et ont provoqué l’effondrement de la carrière. Le hameau comptait dix familles représentant 34 personnes selon le dénombrement de 1881.

Cette catastrophe a causé la mort d’une cinquantaine de personnes (journal L’avenir de la Dordogne).

Pendant trois mois, tout est mis en œuvre pour retrouver les carriers. Des puits sont creusés, un forage est mis en place. Des spécialistes tel que l’inspecteur général des Mines, M. Tournaire, viennent à Chancelade. Des ouvriers d’un carrier de Jonzac et une équipe spéciale de Decazeville viennent également prêter main forte. En vain !

Cent familles se retrouvent sans travail. Le conseil municipal de Chancelade lance un élan de générosité. Un appel aux dons est également lancé à la population comme en témoigne le poème de M. Labrouillère de Tonneins (ci-contre). En novembre, pour venir en aide aux familles sinistrées, un concert au théâtre de Périgueux est organisé avec M. Mounet-Sully qui selon l’Écho de la Dordogne du 23 novembre « a reçu un accueil chaleureux ». La presse qualifie l’évènement comme étant une « des plus brillantes représentations musicales qui aient eu lieu dans notre ville depuis bien des années ».

En 1887, la femme de lettres, Georges de Peyrebrune (1841-1917), qui possède une maison aux Meulières à Chancelade, publie Les ensevelis. Elle y reprend la catastrophe autour de trois personnages : Jacques (propriétaire d’un moulin et éperdument amoureux de Marthe), Marthe (épouse de François) et François (beau garçon qui travaille dans les carrières mais qui est porté sur l’alcool). Ce roman évoque les thèmes de la Nature et de l’Amour avec en toile de fond la catastrophe de Chancelade. À lire ou relire !

En juin 1888, cinq accusés sont poursuivis devant le tribunal correctionnel pour « homicide par imprudence ». Il s’agit selon le journal La Croix du 21 juin 1888 de : Imbert (maître-carrier), Chaigneau (ancien maître carrier et sous-directeur des travaux municipaux à Périgueux), Lambert et Puyjarinet (employés d’Imbert) et Martine (garde-mines).

La Presse locale et nationale a largement relaté cette catastrophe et la France s’est émue d’une telle catastrophe et de la surexploitation des carrières.

En 1988, le père Pommarède, alors président de notre Société, a écrit un article dans le bulletin de la SHAP.

Texte de Marie-France Bunel (Mémoire vivante n°5, octobre 2020)

LIre l'article du père Pommarède (BSHAP 1988, page 61)