Une damoiselle périgourdine de 1424
En 1894, dans le bulletin de notre compagnie, notre collègue Charles Durand a consacré une courte étude à une damoiselle périgourdine dessinée à la plume par un greffier du consulat de la commune de Périgueux.
En effet, écrit notre collègue, « les greffiers du consulat [...], qui se succédèrent du XIVe au XVIIe siècle, avaient coutume d'orner, de dessins à la plume, la plupart des lettres initiales des délibérations qu'ils transcrivaient sur leurs registres mémoriaux. »
Ch. Durand a ainsi relevé, dans le Petit Livre Noir, « le dessin à la plume d'une de nos très arrière-grands-mères, une damoiselle périgourdine de 1424, en tous ses atours [...] [présentant] une très grande valeur au point de vue de l'histoire du costume féminin français. […] C'est dans la lettre initiale I que le greffier du consulat a dessiné debout - sur un semis de fleurs de lys, une plume d'oie à la main gauche et écrivant sur un registre placé devant elle la formule du préambule de la délibération : In nomine sancte et individue Trinitatis... ». Notre auteur poursuit en décrivant les atours de cette damoiselle :
« La première moitié du XVe siècle fut, pour le vêtement français, malgré l'état calamiteux que valut à notre pays l'occupation anglaise, une ère de luxe inouï. Aux robes montantes succédèrent, dans le costume féminin, [...] les robes décolletées. Un vêtement de cette forme pare notre damoiselle. Sa robe, faite d'étoffe souple, est légèrement décolletée, avec large ceinture ornée de joyaux, et revers de fourrure au corsage. [...]
La coiffure de notre damoiselle comprend un escoffion à cornes, posé sur une coiffe indépendante, véritable serre-tête décoré de perles sur son pourtour, qui enserre sa chevelure et forme deux proéminences à droite et à gauche de la tête. [...]
La longueur de la robe de notre Périgourdine recouvre ses pieds et cache sa chaussure. [...] Sa chaussure comprenait sans nul doute des souliers à la poulaine. [...] La poulaine était un allongement démesuré de la pointe des souliers ou de la bottine. »
Voilà une description d'une dame telle que, en son temps, elle devait paraître. Nous pouvons dès lors comparer avec ce qui aujourd'hui constitue les atours d'une dame en société. Rien de plus.
Dominique Audrerie (texte paru dans mémoire vivante n° 67 - déc 2025)
Source : Bulletin de la SHAP, 1894, p. 212-217.