La Convention thermidorienne en Dordogne
Compléments à l'article paru dans le Bulletin de la SHAP (2024-3)
A - Commentaires de la carte : "la Dordogne de 1795 : une agitation inégale"
Faute de place dans une étude en deux articles, voici un commentaire de la carte.
1 - Celle-ci fait apparaître une opposition Nord-Sud autour du district de Périgueux. Comment justifier le calme relatif du Nord ? Deux hypothèses sont possibles et plausibles :
- un silence volontaire des textes. Ceux dont nous avons disposé sont surtout administratifs et sont constitués par les registres de districts. Nous avons souligné cette question. On dispose pourtant, comme dans le cas de Nontron de registres volumineux mais qui s’en tiennent à régler des questions concernant les personnes.
- une opposition des situations qui remonterait à la Terreur avec là encore deux hypothèses :
- une pression très variable des comités révolutionnaires d’un district à l’autre. Ainsi si rien ne se produit en l’An III à Mussidan, on peut estimer que le comité de ce district étant présidé par le modéré Beaupuy, les abus d’autorité ont été moindres. On peut comprendre ainsi le calme d’un district où, pourtant, les prêtres réfractaires avaient été très majoritaires.
- En revanche à Excideuil et sous l’impulsion de Roux-Fazillac, le comité révolutionnaire a été beaucoup plus dur. Faut-il considérer alors que ses membres ont conservé assez d’autorité pour échapper à la loi du 21 germinal ?
Il faut aussi considérer les cas où une dénonciation globale ne désigne aucune situation particulière de commune : c’est le cas pour les faits religieux dans le district de Périgueux où nous avons signalé fin 1794 le très long texte de déploration sur la dégradation du culte républicain et le retour des pratiques religieuses anciennes. La cartographie devient alors peu réalisable.
2 - Pour ce qui est du sud, les deux aspects marquants, religieux et politique sont très prononcés.
- sur le plan religieux la carte pourrait amener à souscrire à l’idée que la révolte serait venue du Lot comme celle contre les rentes de 1790. Il reste que rien n’atteste d’un mouvement de ce type dans ce département. Rien sauf l’affirmation des Sarladais… Il n’est pas contestable que leur proclamation de mise en vente des églises ait pesé lourd. La carte fait apparaître des zones de soulèvements localisés avec des solutions de continuité de l’un à l’autre interrogeant sur la diffusion de la rumeur qui porte ce mouvement.On pourrait par exemple s’interroger sur le rôle des marchés cantonaux, lieux d’échanges de toute nature.
- il est évident que la concomitance des troubles religieux et politiques, antirévolutionnaires pour les uns, montagnards pour les autres fait question. Sauf s’il s’agit pour les autorités d’y trouver les aliments des accusations. La forte présence de ces troubles dans un district comme Montignac pourrait être la réponse à une politique anti-religieuse très affirmée du district.
3 - Le refus de la réquisition des charrois est une forme de résistance rurale qui devient endémique dans le district de Périgueux et pourrait s’expliquer par le fait de la proximité de l’administration départementale qui les a rendus plus systématiques.