Saint-Cyprien : cité méconnue

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Notre société a pu découvrir lors de sa sortie du 29 avril dernier l’ancienne cité de Saint-Cyprien, dominée par sa majestueuse abbatiale augustinienne, et dont on devine encore aujourd’hui le tracé des remparts. Percés d’au moins cinq portes, ils dessinaient un arc de cercle autour de l’abbaye (photo n° 1 vue aérienne). Le bourg, ancien enclos monastique, était composé sous l’Ancien Régime d’hôtels particuliers occupés par des familles nobles, comme les Fages, Beynac, Marzac, et d’un petit nombre de maisons relevant directement de l’abbaye de Saint-Cyprien.

La cité de Saint-Cyprien présente un tracé urbain très resserré, avec des rues très étroites, des passages entre les maisons et trois places tout aussi exiguës (photo n° 2 cadastre napoléonien). À l’extérieur des remparts, les faubourgs qui encadraient l’enclos monastique ont été créés au Moyen Age.

À l’est, la place du Lion (1) se trouve sur l’ancien fossé et à proximité de ce qui fut la porte de Salme alias Salvié. Cette place est attestée au XVe siècle et porte le nom de leu ou lion en français, sans doute à cause de la présence d’une statue de lion, un peu oubliée et fort usée, sur le mur qui la domine. Ce lion pourrait provenir de la façade occidentale de l’abbatiale qui eut à souffrir des destructions de la guerre de Cent Ans.

La plus petite place, celle de Bistour (2), se trouve au cœur de la cité, côté ouest. Son toponyme occitan désignerait un zig-zag, peut-être en référence aux deux minuscules ruelles qui y conduisent et qui forment un zig-zag. Elle est entourée de hautes maisons, dont les vestiges révèlent d’anciens hôtels particuliers (photos n° 3 place de Bistour et n° 4 rue étroite).

Tout près, la place des Boynes (ou du Terme) (3) existe toujours. Les Boynes désignent des limites, le Terme la colline. Elle est bordée par le bâtiment de la Justice de Paix, sans doute un ancien hôtel particulier, et par la belle maison XVIIIe de la famille Chaudourne du Placial (photo n° 5, dessin Jeanne Carvès).

Ces trois places très exiguës servaient bien sûr aux échanges commerciaux à l’intérieur de la cité, mais très tôt, dès le milieu du XVIIe siècle, la nécessité se fit sentir d’ouvrir les remparts et de s’étendre vers les faubourgs. Une nouvelle place est apparue au XVIIe siècle

La place de Talabot (4) tiendrait son appellation de l’occitan tarabastar, qui signifie entraver, en référence au pilori, symbole de la haute justice tenue par les archevêques de Bordeaux. En 1675, une halle fut construite sur cette nouvelle place hors les murs par la volonté des Augustins et du seigneur de Fages, coseigneurs de Saint-Cyprien. Elle était munie de piliers avec les armoiries de l’archevêque de Bordeaux. Elle fut affermée à des bouchers. En 1824, Wilgrin de Taillefer, en tant que descendant des seigneurs de Fages, en réclamera la moitié de la propriété, sans succès car il ne put en justifier sa possession. Cette ancienne halle deviendra la mairie dans les années 1960 et la bibliothèque en 2003.


En 1850, la percée de la Traverse va faciliter la circulation dans Saint-Cyprien. Cet axe deviendra très vite le « poumon » économique de l’agglomération, délaissant quelque peu l’ancienne cité aux rues très pentues. Aujourd’hui encore, c’est là que se tient chaque dimanche matin le marché.

L’actuelle place des Oies (anciennement de la Croix), à l’ouest, est beaucoup plus récente ; elle a été créée sur l’ancien fossé. Au nord de cette place se trouvait le jardin de l’abbaye dans lequel fut construit dans la seconde moitié du XIXe siècle l’entrepôt des tabacs, ce qui généra une activité économique très importante à Saint-Cyprien dès cette époque.


Anne Bécheau